L’équipage Cyno – Détection – Explo : quand l’homme et l’animal travaillent ensemble

Focus sur des équipes au sein desquelles le lien de confiance entre l’homme et l’animal est plus nécessaire que jamais.

« Objet délaissé » plus communément appelé « Bagage abandonné », et le traitement qui s’impose : vous entendez régulièrement parler de l’intervention de l’équipage Cyno – Détection – Explo, que d’autres appellent plus souvent la brigade cynophile. Comment est-elle composée ? Comment fonctionne-t-elle ?

De nouvelles équipes

Depuis le 1er janvier, le dispositif de ces équipes a évolué et, pour la seule zone RATP de la ligne B, ce sont désormais trois gares qui seront dotées d’un équipage chien / maître de chien, à savoir. Si chaque équipage rayonne sur une zone géographique donnée, allant au-delà de la seule ligne B, ce sont bien dans les gares que vous connaissez qu’ils sont implantés. La couverture temporelle côté RATP de chaque site varie de 8 à 16 heures quotidiennes, 7 jours sur 7, et  en parallèle, côté SNCF, un dispositif de Cyno-Détection est également présent en Gare du Nord.

Un processus strict

Concrètement, l’agent en gare, lorsqu’il est prévenu (ou qu’il aperçoit) un bagage abandonné, doit dans les plus brefs délais mettre en place un périmètre de non-approche. Vous avez probablement aperçu, en gare ou parfois dans les trains, des dizaines de mètres de rubalise (ces bandes de couleur vive que vous connaissez) qui signale l’interdiction de pénétrer une zone définie. C’est ainsi qu’est indiquée la zone en question.

En parallèle, l’agent appelle son poste de commandement de ligne (pour le RER B, le centre de commandement unique basé à Denfert-Rochereau) pour avertir de la situation, et permettre la diffusion de messages dédiés aux clients. Puis l’information est transmise immédiatement (pour la zone RATP) à la Permanence Générale et enfin au Centre de Commandement Opérationnel de la Sécurité situé au siège du groupe, lequel entre en contact avec la police. Dès lors, le maître de chien de la zone dédiée est mandaté et se déplace au plus vite sur les lieux ; le temps écoulé entre la découverte du bagage abandonné et l’arrivée du maître de chien doit être le plus court possible afin de réduire les impacts sur le trafic.

Un flair infaillible

Place ensuite à l’analyse, elle aussi rapide, réalisée par l’animal. Le chien a en effet ses codes que le maître de chien sait interpréter. Si le chien reste immobile debout sur son arrière-train ou qu’il se couche, les pattes avant et arrière étirées au maximum, le message est clair : pour le chien, le bagage contient des substances dangereuses, comme de l’explosif. Dans ce cas, le relai est pris par la Police. Si le chien ne modifie en rien son comportement et retourne tranquillement vers son maître, le bagage abandonné l’est par mégarde, et l’agent pourra le récupérer et le déposer aux objets trouvés.

C’est ce dernier cas de figure qui est bien évidemment, et de très loin, le plus fréquent. Il est appelé «non-marquage ».

C’est l’occasion ici de vous rappeler la vigilance absolue dont vous devez faire preuve : un oubli de votre bien et se met en place la procédure précitée qui, au-delà du caractère anxiogène qu’elle créé, mobilise hommes, animaux et rend les circulations de vos trains impossibles pour une durée pouvant être longue : aucun risque ne peut être pris.

Une formation adéquate

Une formation initiale d’un minimum de 280 heures est nécessaire pour l’apprentissage de la conduite du chien par le maître de chien et pour le chien dans son éducation à détecter les matières explosives. De plus, le maître ce chien doit passer un certificat de qualification professionnelle (CQP). Par ailleurs, chaque équipage pour exercer à la RATP est évalué « STAC ». L’acronyme, qui signifie « Service Technique de l’Aviation Civile » indique bien qu’ici, le niveau d’exigence attendu de l’animal est le même que celui appliqué en zone aéroportuaire, notamment pour l’inspection des soutes à bagages. Cette certification renouvelée annuellement vérifie que le chien est en capacité de détecter les matières explosives par un contrôle de mémorisation et des mises en situation similaires à celles rencontrées à la RATP.

Le chien et son maître : le juste équilibre

Cela peut paraître dur, tant beaucoup s’attachent aux animaux, et particulièrement aux chiens. Et pourtant : le maître de chien doit être en capacité au quotidien de maintenir une frontière nette entre le contexte de travail et celui de la détente.

Cockers, springers ou labradors avec leurs maîtres

Le risque d’amalgame ? Un manque de discernement du chien entre travail et jeu qui peut induire un diagnostic faussé par l’attente d’une récompense. En effet, en entrainement et formation, toute détection d’explosif engendre une récompense, d’où la tentation de détecter là où n’y a rien et ainsi engendrer ce qu’on appelle un « faux marquage ». En conclusion, la nécessité de garder les distances entre les deux membres de l’équipe est laissée à la seule initiative de l’homme.

Quels chiens ? Et après ?

Si majoritairement, par souci de mobilité et d’image sympathique auprès des voyageurs, les cockers et springers de petite taille constituaient la majeure partie du parc canin, progressivement les malinois et labradors viennent renforcer les effectifs.  Raison principale ? La discipline. En effet si les capacités olfactives des premiers sont aussi puissantes que celles d’un malinois ou d’un labrador, ils se montrent difficilement canalisables et nécessitent un apport d’ordre et de fermeté induisant des temps de dressage plus importants.

Le lien entre l’homme et l’animal doit être fait de confiance… et de distance !

Lire cette dernière phrase vous fera peut-être un petit pincement au cœur en pensant à l’affection sans retour de ces animaux, mais rassurez-vous : un chien réformé, car devenu trop vieux ou considéré non adapté à la fonction, dans l’immense majorité des cas, sera adopté par son maître de chien. Dès lors, libre cours au jeu !

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